L’éducation de Neiji – Comment on fait ?
Pour l’éducation de Neiji, nous nous sommes posé beaucoup de questions au préalable. Remettons un peu dans le contexte les choix qui nous ont poussé à choisir un type d’éducation plutôt qu’un autre, et surtout comment nous nous y sommes pris.
Neiji est arrivé chez nous en octobre 2017. Nous avions été visiter l’élevage en février 2017. C’est donc en fin d’année 2016 que nous avions pris la décision, après environ 3 ans d’attente et de réflexion, de prendre un chien. Avant même cette décision, soit plus d’un an avant l’arrivée de Neiji, je commençais déjà à faire des recherches sur l’éducation.
Les recherches (1 à 3 ans avant l’arrivée de Neiji)
Se renseigner sur l’éducation lorsqu’on n’a jamais eu de chien (du moins, pas de chien « à moi », même si j’ai côtoyé beaucoup de chiens de famille), c’est loin d’être évident. Internet est forcément la première source d’informations, et on y trouve tout et n’importe quoi.
Mes premières lectures m’ont cependant très rapidement orientée dans le style d’éducation que je voulais mettre en place avec mon futur chien, avant même de savoir qui il serait.
L‘éducation positive s’est immédiatement imposée à moi comme une méthode intéressante.
Mais qu’est ce que l’éducation positive exactement ?
Lorsque l’on cherche, on trouve une multitude de définitions de l’éducation positive. Toutes se ressemblent, mais beaucoup ont des petits points de divergence. Cependant elles convergent toutes vers une même idée : éduquer son chien dans le respect de celui-ci, afin d’avoir une relation saine et équilibrée.
Cette idée m’a évidemment tout de suite interpellée. Ce que je cherche avant tout dans le fait d’avoir un chien, outre mon amour pour cet animal, c’est d’établir une relation basée sur la confiance, le respect et l’amour mutuel.
Je n’ai pas envie d’avoir un chien pour avoir une peluche à câliner quand j’en ai envie. Je n’ai pas envie d’avoir un chien pour lui ouvrir la porte du jardin, retourner faire mes affaires, et revenir lui ouvrir 10 minutes plus tard. Je veux partager des moments avec lui, lui apprendre et apprendre grâce à lui. En découvrant l’éducation positive, j’ai découvert de nouvelles méthodes que je ne connaissais pas, et surtout, j’ai appris que les a priori que j’avais sur l’éducation étaient fondés sur des idées erronées.
Comme je le disais précédemment, j’ai côtoyé plusieurs chiens de famille, y compris chez mes parents. Bichon maltais, bichon frisé, american staffordshire terrier, épagneul breton, golden retriever, terrier tibétain… Des chiens différents, de races opposées, mais tous des êtres sensibles avec une personnalité attachante, bien que différente. Impossible de ne pas les aimer.
Ces chiens, ce n’est pas moi qui aie fait leur éducation. Ce sont leurs maîtres (grands-parents, beaux parents / parents…), et j’ai mis en application ce qu’on me disait alors à l’époque. En effet jusqu’alors, je n’avais jamais questionné ce qu’un maître m’aurait dit à propos de son chien, car c’est lui qui le connaît le mieux après tout. Jamais je ne m’étais non plus renseignée sur l’éducation, et je n’avais donc aucune idée de comment il fallait procéder, ni même de quels étaient les besoins des chiens ou leurs moyens de communiquer.
Plus je lisais à propos de l’éducation positive, plus je me rendais compte des erreurs que j’avais faites. Je n’ai jamais (ouf) frappé ou utilisé la violence physique sur un chien. Mais j’ai parfois crié, surtout quand j’avais peur. J’ai réprimandé, beaucoup. Parce que j’avais peur. Peur que le chien mange quelque chose de mauvais pour lui, qu’il se fasse mal, se sauve, me fasse mal ou fasse mal à quelqu’un d’autre. Plein de raisons qui font qu’à l’époque, je ne me posais pas la question, j’agissais simplement.
Avec le recul, je regrette beaucoup certaines choses que j’ai pu faire. Certes, j’étais jeune et je n’avais aucune notion d’éducation ni connaissance réelle des chiens. De plus, ces chiens n’étaient pas les miens, leur éducation ne m’appartenait pas. Mais maintenant, plus jamais je ne replongerai là-dedans.
Avant même d’avoir MON/NOTRE chien, j’ai voulu en savoir plus. Savoir ce qu’était vraiment cet animal, et savoir ce que cela implique d’avoir un chien, dont il faut s’occuper.
Quels sont ses besoins, tant concernant l’activité physique que les besoins alimentaires ? Sociaux ? Psychologiques ? Je n’avais simplement aucune idée de comment fonctionne réellement un chien, ni de comment s’y prendre pour « lui apprendre ».
Mais lui apprendre quoi, au juste ?
Le questionnement (1 an avant l’arrivée de Neiji)
Plus je me renseignais et en apprenais sur l’éducation, les besoins du chien, sa façon de communiquer… Plus je me rendais compte que je voulais avant tout travailler sur ma relation avec mon chien. L’important pour moi, c’est que mon chien n’ait JAMAIS peur de moi (ou mon compagnon). L’éducation que nous mettons en place doit servir à assurer sa sécurité (et celle des personnes et animaux que nous rencontrons), mais aussi à assouvir ses besoins. Elle n’est pas là pour marquer une dominance de l’humain sur le chien et faire du chien son « jouet » qu’on utilise quand bon nous semble.
Vous l’aurez peut-être remarqué, je parle beaucoup ici des besoins du chien. En effet, tout comme l’humain a des besoins (hiérarchisés par ordre d’importance), le chien a lui aussi ses propres besoins. Je reviendrai plus en détail sur les besoins du chien dans un futur article, mais en attendant, voici en une première approche (très superficielle). A la manière de la célèbre pyramide de Maslow, voici une pyramide des besoins du chien :
J’ai donc réalisé, avant même de porter mon choix définitif sur un chien, que je devais analyser ce que mon compagnon et moi sommes capables de lui proposer. Il a donc fallu nous poser plusieurs questions avant même de choisir un chien spécifique. J’aborderai ce questionnement dans un autre article également (sinon celui-ci va s’allonger encore et encore !), mais nous en sommes arrivés au choix d’un chien qui correspondait à notre mode de vie, à nos attentes (si on veut faire du canicross, on ne va pas prendre un carlin !), et à ce que nous pouvons lui proposer tant en termes d’espaces de vie, de rythme que de budget. Ne restait donc plus qu’à passer à l’action !
Les indispensables à savoir (6 mois avant)
Les principales inquiétudes avant d’avoir un chien concernent bien évidemment son bien-être. Concernant son éducation, j’ai voulu tout anticiper : comment faire en sorte qu’il soit propre ? Comment réagir s’il mord ? Et s’il a peur de quelque chose ou de quelqu’un, comment faire ? Que faut-il lui apprendre en tout premier ?
Là encore, les réponses à ces questions sont multiples. Il n’y aura pas une seule bonne réponse, il y en aura plusieurs en fonction de chaque chien (mais par contre, il y a des mauvaises réponses ! Mais les erreurs doivent nous servir à apprendre, pas à s’apitoyer).
Lire beaucoup avant l’arrivée de son chien pour apprendre, je pense que c’est une très bonne chose. Cela m’a beaucoup servi pour Neiji, savoir comment réagir, ce qui était « normal » ou pas. Mais ce qui m’a le plus servi dans toutes ces lectures, c’est l’anticipation que cela m’a permis d’avoir.
J’ai à la fois lu sur des groupes Facebook spécialisés des fichiers qui donnent des réponses génériques à une situation donnée (« Comment rendre son chien propre », « Pourquoi mon chien détruit »), puis me suis penchée sur les posts plus précis de ces groupes spécialisés en éducation positive. Sur ces groupes, les gens postent leur problème en essayant d’expliquer du mieux possible la situation, et des éducateurs et/ou comportementalistes (dont c’est le métier la plupart du temps et qui prennent de leur temps perso pour aider les gens bénévolement) donnent des éléments de réponse.
En addition de mes lectures de groupes, blogs et sites spécialisés, j’ai acquis plusieurs livres d’éducation, la plupart centrés sur le comportement canin et l’éducation positive.
Ces lectures m’ont beaucoup apporté, mais m’ont aussi un peu stressée. En effet, on s’imagine tout de suite avoir plein de problèmes et ne pas réussir à les gérer ! J’en apprenais chaque jour un peu plus, et cela me donnait encore plus envie d’apprendre. Je n’avais qu’une hâte : que Neiji arrive, pour pouvoir mettre en application ce que j’avais appris (et surtout avoir mon petit chien à mes côtés, quand même).
L’arrivée de Neiji
L’éleveuse de Neiji nous a beaucoup rassuré sur l’aspect éducation : elle nous a donné de nombreux conseils, qui correspondaient à ce que j’avais lu au préalable. Elle conseille d’ailleurs à tous les futurs propriétaires de ses chiens de pratiquer l’éducation positive, et c’est l’une des choses qui m’a plu chez elle.
Malgré notre excitation et notre bonheur de l’accueillir à la maison, nous appréhendions. Nous avions peur de mal faire, peur de lui faire mal, peur de ne pas le comprendre. Ces peurs sont normales, et même saines je dirais. Elles montrent que l’on s’inquiète vraiment pour lui, et que son bien-être nous tient à cœur.
Nos craintes se sont évidemment révélées inutiles. Ayant lu beaucoup, nous avons pu anticiper quasiment tous les « mauvais » comportements que l’on aurait pu rencontrer. Et je pense que c’est ça, le plus important : l’anticipation.
Si on ne laisse pas l’occasion à un mauvais comportement d’arriver, il ne se renforcera pas et ne se développera pas. L’anticipation est pour moi l’une des clés principales d’une éducation réussie. Il est bien plus facile de prévenir que de guérir comme le dit le dicton, et j’ai pu le constater avec Neiji. Empêcher son chien de prendre quelque chose sur la table en contrôlant l’environnement et/ou détournant son attention, c’est empêcher qu’il prenne effectivement quelque chose et se renforce ainsi : s’il prend avec succès un bout de saucisson, pourquoi ne recommencerait-il pas ? C’était bon, après tout !
Nous avons parfois eu du mal à appliquer tout ce que nous voulions, mais nous avons toujours fait de notre mieux. Nous continuons, encore aujourd’hui, d’apprendre. L’éducation d’un chien est continue et se poursuit tout au long de sa vie, mais celle de ses humains également.
Dans le respect du chien
Les notions en matière d’éducation ont bien changé ces dernières années. Auparavant, on était persuadé que le chien avait besoin de se sentir dans une meute, qu’il ne fallait pas qu’il se sente le roi au risque de développer des comportements « à problème », que son maître devait le remettre à sa place. De nombreuses études scientifiques ont prouvé que ces notions étaient erronées. J’en parlerais dans un (ou plusieurs) articles d’ailleurs, mais découvrir que la notion de chien dominant n’existait pas m’a beaucoup surprise. Au début je me suis même dit « Mais, bien sûr que si ça existe ! », puisque c’est ce que j’avais toujours entendu.
Et puis je me suis remise en question. J’ai cherché à comprendre, j’ai cherché les études, j’ai beaucoup lu les écrits d’experts en la matière. Accepter qu’on a fait des erreurs, c’est aussi apprendre, progresser, pour ne plus les refaire. J’ai tellement appris, et ma vision des chiens et de l’éducation a tellement changé ces dernières années et encore plus ces derniers mois, je n’aurais jamais imaginé ça.
L’éducation positive nous a permis de construire une relation basée sur la confiance entre Neiji et nous. Elle est une façon d’envisager la relation que l’on veut avec son chien qui devrait couler de source pour n’importe qui aime les chiens. Nul besoin d’être laxiste, comme on l’entend souvent, ou de gaver son chien de friandises sans cesse. Il suffit juste de montrer le chemin à son chien, pour qu’il apprenne à apprendre. Certains chiens seront plus rapides à apprendre que d’autres. Apprendre à connaître son chien, savoir ce qu’il ressent, ce qu’il aime, ce dont il a besoin, c’est un cheminement nécessaire pour chaque personne qui accompagne un chien. En réponse, le chien ne donnera qu’amour et reconnaissance.
Lorsque cette relation s’établit, petit à petit, c’est si gratifiant. L’échec doit être vu positivement, car lorsque l’on trouve enfin la solution à un problème, plutôt que de simplement masquer un symptôme gênant pour l’humain, quelle satisfaction.
Voir son chien comprendre ce que l’on attend de lui, ou même proposer de lui-même des comportements pour nous faire plaisir, c’est un vrai moment de fierté.
Grâce à tous les éducateurs que j’ai lu, et à ceux que j’ai rencontré, j’ai appris à décoder les codes de communication du chien, et comment y réagir. J’apprends encore tous les jours. J’ai découvert une voie que je souhaite approfondir, à la fois pour le bien-être de Neiji, mais aussi pour mon épanouissement personnel. Découvrir les besoins du chien, ses moyens de communication et son mode de fonctionnement ne m’a fait qu’aimer encore plus cet animal, et j’espère que les chiens seront à mes côtés tout au long de ma vie.